Psychologue en neurologie

Psychologue spécialisée en neuropsychologie à l’institut de la mémoire et de la maladies d’alzheimer (im2a).

Psyclihos a choisi d’interviewer notre collègue Camille HUIBAN, qui est psychologue spécialisée en neuropsychologie dans le centre des maladies cognitives et comportementales, l’IM2A, dans le département de neurologie et le pôle des maladies du système nerveux à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, chez le Professeur DUBOIS. Elle y travaille depuis 3 ans.
Camille HUIBAN travaille en hôpital de jour (HDJ) et en consultation, il y a dans le service 5 psychologues cliniciennes, 8 neuropsychologues équivalent temps plein, 4 orthophonistes, une dizaine de neurologues, 2 assistantes sociales et 3 infirmiers à temps plein, ainsi qu’une cadre de santé.
L’hôpital de jour est centré sur une recherche de diagnostic précoce, labellisé centre de référence national « Démences Rares ou Précoces » et « Malades d’Alzheimer Jeunes », afin d’instaurer une prise en charge adaptée le plus rapidement possible et ainsi améliorer la qualité de vie des patients et de leur entourage. Il est également un centre de recherche clinique et thérapeutique, avec un plateau technique exceptionnel permettant une meilleure connaissance des maladies de la mémoire et de la cognition, des moyens de les prévenir et de les soigner. Le patient y est orienté par son généraliste, il rencontre d’abord un neurologue qui programme une hospitalisation de jour. Lors de cette hospitalisation de jour, le patient rencontre dans sa journée une équipe pluridisciplinaire : l’infirmier, la neuropsychologue, la psychologue clinicienne, le neurologue, l’assistante sociale et l’orthophoniste si cela est nécessaire. Pendant son Hospitalisation de Jour, le patient peut également passer une IRM, un scanner, ou avoir une ponction lombaire. Une synthèse de l’HDJ est faite l’après-midi, entre 14h à 16h, pendant laquelle les intervenants sont appelés au fur et à mesure suivant le patient dont on parle. Les patients sont souvent revus au bout d’un an pour voir l’évolution de la maladie.
Une répartition par thématique se fait suivant les jours de la semaine, par exemple, le lundi est plutôt le jour des pathologies frontales et des troubles du comportement, le mardi, les troubles du langage, le mercredi, les syndromes sous-corticaux et parkinsoniens, le jeudi les maladies d’Alzheimer jeunes, et il n’y a pas de thèmes particuliers les vendredis. Les neuropsychologues se sont progressivement spécialisées dans les pathologies, suivant leurs jours de présence et leur intérêt.
Six patients sont reçus par jour. En arrivant le matin, les 3 neuropsychologues présentes ce jour se répartissent le travail, elles peuvent revoir un patient déjà vu. Chaque neuropsychologue voit 2 patients par demi-journée, avec des créneaux de 1h30, par exemple de 9h à 10h30 puis de 10h30 à 12h. En réalité, il est souvent nécessaire de réaliser un complément de bilan neuropsychologique durant l’après-midi, selon le type de pathologie et la complexité des cas.
Les psychologues cliniciennes et les neuropsychologues se complètent et se transmettent des éléments pour une prise en charge plus cohérente du patient, car l’état thymique et affectif peut avoir un réel impact sur son fonctionnement cognitif. Le cognitif (la mémoire, l’attention, les fonctions exécutives, le langage, les praxies, les gnosies) est à prendre en compte avec l’état clinique, l’histoire du sujet, les résultats des examens médicaux (neuro-imagerie, ponction lombaire, génétique, etc.), l’état thymique, les états de stress traversés, etc.
Après les résultats de l’HDJ, les patients bénéficient d’une prise en charge adaptée, il peut leur être proposés des aides à domicile (aide-ménagère, auxiliaire de vie, infirmier, etc.), une E.S.A (Equipe Spécialisée Alzheimer), un accueil de jour, des séances d’orthophonie (remédiation ou stimulation cognitive et du langage), de kinésithérapie, d’ergothérapie, une protection juridique, une aide financière, des aides d’aménagement du logement, etc. Il est nécessaire de prévoir des temps de répit pour les aidants, notamment grâce aux aides et prises en charge psychologiques.
Il n’y a plus de collège de psychologue à la Pitié-Salpêtrière en ce moment mais les collègues de ce service, cliniciennes et neuropsychologues, se réunissent pour parler de leur pratique, de leurs outils, de nouveaux tests. Elles sont complémentaires. Certaines collègues font également des groupes d’éducation thérapeutique, programme d’information et de soutien, en expliquant notamment aux familles la pathologie et les comportements qui y sont liés, et ainsi améliorer les stratégies d’adaptation face aux troubles. Il y a également des groupes de méditation pleine conscience, formés selon un thème ou une pathologie ; ainsi que des groupes de gestion du stress pour les patients et leur famille, avec des groupes séparés.
Les dernières années, Camille a constaté que le centre accueillait de plus en plus de patients jeunes, au fur et à mesure du développement du centre. De plus en plus de pathologies sont connues ainsi que la nécessité d’une prise en charge précoce.
Camille a d’abord fait un bac économique et social, puis s’est orientée en psychologie. C’est le côté le plus scientifique de la psychologie qui l’a attirée, les tests, l’exploration du cerveau, la découverte des neurosciences et la neuropsychologie l’ont passionnée.
Ce service est intéressant pour le travail en commun de nos collègues cliniciennes et neuropsychologues, qui ne s’opposent pas mais travaillent et réfléchissent ensemble pour une meilleure prise en charge des personnes accueillies.

Paru dans le Journal numéro 38, Décembre 2018